mémo en cachet taille-douce
Mémo technique
Le métal peut se graver de différentes façons, chaque technique a son rendu propre. Aujourd’hui on peut distinguer trois grandes catégories :
La taille directe (burin, pointe sèche, manière noire…) : le métal est incisé, creusé, sculpté manuellement. On lui associe des procédés mécaniques tels que le micro-moteur et le pantographe, guidés à la main. Le geste est à l’honneur, varié et intuitif, souple, virtuose.
La taille chimique (eau-forte, aquatinte…) : la plaque est gravée par un procédé chimique (morsure à l’acide) après un travail préparatoire de dessin au vernis ou de masquages. On lui associe des procédés de reproduction rares, de très haute qualité d’image, comme l’héliogravure.
La taille assistée par ordinateur : gravure laser et usinage nécessitent une interprétation numérique et une décomposition précise de chaque parcours d’outils. L’aspect est standardisé. Ces procédés sont performants pour des travaux de labeur, découpes, géométries, séries, grandes dimensions.
Cette classification des techniques de gravure contemporaines vise à donner quelques repères simples. Elle est évidemment poreuse et en devenir.
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Gravure en cachet
Les chevalières sont gravées en modelé, en creux, à l’envers, c’est la technique de la gravure dite en cachet. La chevalière est semblable à une matrice d’impression : pressée dans la cire, elle révèle, en relief et à l’endroit, le sceau de celui qui la porte.
Pour réaliser une gravure en cachet, le graveur puise à la fois dans les techniques du modelé en taille directe et de la ciselure.
La gravure héraldique commence par un dessin préparatoire à la pointe et au compas sur le plateau de la chevalière. Puis, à l’aide d’une loupe binoculaire, on creuse le motif avec des burins, des onglettes, des échoppes… Pour contrôler l’état du travail et la justesse des modelés, on réalise régulièrement des empreintes dans la pâte à modeler. Chaque forme est creusée ou frappée (si l’on dispose d’un poinçon) jusqu’à obtenir une sorte de minuscule bas-relief inversé.
En gravure, les couleurs sont traduites par des jeux de trames ciselées. Le ciselet est une pointe de métal non coupante et non tranchante que l’on frappe à petits coups de marteau pour repousser le métal. Il existe toutes sortes de ciselets : à la surface polie, striée, texturée ; des ciselets courbes ou droits.
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Taille-douce
Au sens premier, la taille-douce fait référence à la gravure au burin, héritée des orfèvres. La gravure au burin est la technique en creux la plus ancienne développée pour l’impression. Le burin est un petit barreau d’acier trempé, monté dans un manche en bois en forme de poire et coupé d’un côté pour que l’instrument puisse se coucher à plat sur le métal (cuivre, acier doux…). Sa forme varie selon la nature du travail que l’on veut exécuter.
Le buriniste ou taille-doucier construit, traduit, interprète son motif par un jeu de lignes et de points incisés dans le métal. Pour chaque partie du dessin, on choisit avec soin son outil. Le type d’incision, la fréquence, la profondeur et la largeur donneront l’intensité et la diversité des noirs. Un burin avec une pointe en losange tracera une ligne fine ; si sa pointe est carrée, l’épaisseur du trait sera plus importante. On peut régulariser une taille ou l’ouvrir en repassant avec les joues renflées d’une onglette. L’échoppe plate permettra d’obtenir une graisse régulière pour les lettrages bâton… et les pleins et déliés d’une anglaise ne seront parfaits que dans la manière de coucher le burin.
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Ôter la matière pour faire naître l’essentiel et retenir l’histoire, un acte ancestral dont le graveur héraldiste est l’héritier. Par la taille en creux, il grave l’infiniment petit, œuvrant de patience et de minutie. Un art qui allie pérennité technique et symbolique. Du dessin au compas, du travail à l’échoppe, la finition de l’ouvrage se mène au poinçon et à l’onglette.
Ciselure des couleurs
© Fondazione Michelangelo / S. Pozzoli
On définit souvent ce qu’est la gravure en décrivant des techniques. C’est un résumé nécessaire mais trompeur. Dans l’art passionnant de la gravure, il s’agit avant tout du goût et de l’invention à varier le dessin.